Classification au feu des matériaux dans les secteurs maritimes

Lundi 11 Juillet 2022

Classification au feu des matériaux dans les secteurs maritimes

La sécurité incendie est l'une des préoccupations majeures des ingénieurs investis dans la construction des navires, car les incendies qui se produisent en haute mer ont tendance à s’aggraver rapidement, causant ainsi des dommages majeurs aux équipements, aux installations ainsi qu’à l’environnement. Ces incendies peuvent avoir en outre un coût en vies humaines.

C'est pourquoi il est procédé à de très nombreux essais avant la mise en service des bâtiments dans le transport maritime.

La sécurité incendie des navires commerciaux internationaux est administrée par la convention internationale pour la sauvegarde de la vie humaine en mer (SOLAS), éditée par l’organisation maritime internationale (OMI).

Elle se base sur la nouvelle classification des matériaux, que nous allons détailler dans cet article.

Nous verrons ensuite quels sont les textes qui régissent officiellement la sécurité incendie dans les navires.

I-Comportement au feu des matériaux : la nouvelle classification

En sécurité incendie, dans les secteurs maritimes comme dans tous les autres secteurs de la construction, la “réaction au feu” et la “résistance au feu” sont deux notions différentes ; elles sont codifiées au niveau national et européen de manière très réglementée.

I-1 La réaction au feu des matériaux

La réaction au feu, qui correspond à la vitesse de mobilisation de la masse combustible de materiaux et sa contribution au développement de l’incendie »  c'est-à-dire sa capacité à alimenter un incendie, ainsi qu’à favoriser son développement.

I-2 La résistance au feu des matériaux

La résistance au feu est le temps durant lequel un élément de construction (dans un navire, pont, pont principal, portes…) conserve ses propriétés physiques et mécaniques lorsqu’il est exposé à un incendie, ainsi que le temps durant lequel il joue son rôle de limitation de la propagation du feu.

La résistance au feu, c'est-à-dire le temps pendant lequel les éléments de construction (dans un navire, pont, pont principal, portes…) conserve ses propriétés physiques et mécaniques lorsqu’il est exposé à un incendie, ainsi que le temps durant lequel il joue son rôle de limitation de la propagation du feu. Les performances de résistance au feu évaluées au moyen d’actions thermiques prédéterminées sont exprimées en degrés ou classes. Ces degrés, ou classes, sont directement liés aux durées pendant lesquelles les produits, éléments de construction et d’ouvrages satisfont aux critères de performance retenus, en fonction du rôle qui leur est dévolu du point de vue de la sécurité.

En laboratoire, la résistance est analysée selon 4 critères :

• Résistance mécanique
• Étanchéité aux flammes et aux gaz chauds
• Non-émission de gaz,
• Isolation thermique

II-Règlementation sécurité incendie en mer

II-1 La Convention SOLAS

La sécurité incendie des navires commerciaux internationaux est administrée par la convention internationale pour la sauvegarde de la vie humaine en mer (SOLAS), éditée par l’organisation maritime internationale (OMI).

C'est le naufrage du Titanic en 1912 qui a donné lieu aux premiers textes de cette convention en 1914.

Le chapitre II de la Convention SOLAS détermine les exigences en matières de construction et de sécurité à bord des navires.

Le chapitre II, partie 1, s'intéresse à la construction, au compartimentage et à la stabilité, les machines et installations électriques.

Cette partie contient les régulations à propos des cloisons étanches ainsi que des systèmes de bouchain (partie du bordé d'un bateau, représentant la zone intermédiaire entre les fonds et les murailles). On y trouve des précisions au sujet des exigences concernant les installations électriques intervenant dans la sécurité du navire, de son équipage et de ses passagers.

Le chapitre II-2 s'intitule “Construction-Prévention-Détection et Extinction de l'Incendie”.

L'application des règles de la convention SOLAS (en particulier le chapitre II-2), exige que les matériaux, selon leur utilisation, soient incombustibles, ou présentent un pouvoir calorifique faible, ou affichent un pouvoir de propagateur de flammes maîtrisé, ou ne dégagent pas de fumées ni de gaz toxiques.

Au niveau de l'UE, la directive MED (Marine Equipment Directive) tient compte de ces obligations pour les navires battant pavillon européen.

Pour encadrer ces règlements, des organismes notifiés évaluent via des audits la conformité des navires et de leurs équipements.

II-2 Le code FTP 2010

Ces essais sont également encadrés par un référentiel : le code FTP 2010, qui s'applique à tous les produits à placer dans la construction d'un navire, et qui gère les essais en termes de réaction et de résistance au feu.

Le code FTP est applicable aux navires de plus de 24 m et de plus de 500 UMS (200 tonneaux), aux navires effectuant des voyages internationaux, aux navires de commerce, navires à passagers et certains navires spécifiques.

Ce code FTP 2010 se présente sous la forme de 4 annexes :

• L’annexe 1, définit les différentes méthodes d'essai imposées par la réglementation du transport maritime en termes de sécurité incendie
• L’annexe 2 gère les produits pouvant être considérés comme conformes aux règles applicables sans essai ou approbation
• Les annexes 3 et 4 fixent les exigences et les prescriptions d'essais pour les matériaux et les produits installés à bord, sous la forme de tableaux qui imposent des caractéristiques techniques aux matériaux en fonction de l'utilisation du produit.

III-Les essais du CREPIM

Le CREPIM est accrédité par le COFRAC et reconnu par l'OMI pour réaliser les essais relatifs à la sécurité incendie dans le domaine de la marine selon le Code FTP 2010.

Il procède à des essais, qui sont , pour le maritime civil :

• Part 1 : EN ISO 1182 - Exothermie de réaction,
• Part 2 : EN ISO 5659-2 - Opacité des fumée et analyse en dynamique des produits de dégradation par IRTF,
• Part 5 : EN ISO 5658-2 - Propagation de flamme, associé à la mesure du débit calorifique.

Le CREPIM réalise également des essais pour le maritime militaire dans le cadre du STANAG 4602 :

• AFAP 1 : LOI ISO 4589-2 et ISO 1182,
• AFAP 2: ISO 5659-2 - mesure de l’opacité des fumées,
• AFAP 3: NF X 70-100 @ 350 & 800 °C - mesure de la toxicité des fumées, y compris l’analyse de l’Acroléine, formaldéhyde (à 350 °C), et du  phénol (à 800 °C),
• AFAP 4; ISO 5658-2 - Mesure de la propagation de flamme, associé à la mesure du débit calorifique,
• AFAP 5 : ISO 5660-1 - Evaluation du débit calorifique.